Il y a quarante cinq ans, je servais mon pays sous les drapeaux en Allemagne.
Nous avions nos opinions sur ce qu'était la femme, ce qu'elle devrait être et ce que nous en pensions d'elle au sein de l'armée.
C'est ainsi que j'avais collaboré à l'écriture d'un article que moi et des camarades, avions édité dans notre journal de l'époque intitulé "LE CADUCEE".
Notre société occidentale, aux dires de certains, proche du zénith de la civilisation, connaît la femme chef d'entreprise. Dans les charges où autrefois la seule présence d'un mâle était concevable, on rencontre aujourd'hui des filles d'Eve qui, sans rien céder de leur féminité, remplissent plus qu'honorablement des fonctions pour lesquelles nos pères ne les croyaient pas faites. Mieux encore: Le monde comministe, se voulant plis radicalement progressiste, a déclaré la femme égale à l'homme sur tous les plans, n'hésitant pas à lui imposer les métiers les plus rudes, au détriment du charme que nous reconnaissons généralement à nos compagnes. Les occidentaux ne veulent pas d'un tel extrémisme; épris de compromis, ils ont reconnu à la femme d'abord les droits les plis élémentaires, pour en venir de nos jours à une égalité de principe. Cela va de la concession médiévale d'une âme et de la fin de la servitude avouée, jusqu'au droit de vote et à l'accés aux postes élevés des sphères politiques et industrielles. Cette évolution lente et pour ainsi dire naturelle, a toujours ménagé à la femme ce qui lui est propre, sa sensibilité, son opiniâtreté, ajoutant toujours plus de force et de résistance à une créature qui peu à peu nous dépasse.
Cependant cette belle ascension semble être réservée à une élite de la société et demeurer dans les autres milieux une réalité bornée à une légalité d'ailleurs mal connue. Pour s'en rendre compte, il faut avoir connu la conception de la femme que se fait la majorité des militaires.
Celui qui, naturellement doué du respect et de la compréhension de la femme, inspiré de ceux qui tentérent de la libérer, arrive à l'armée fort de ces bons principes, s'y trouve confronté à une conception stupéfiante, frappant contrepied des valeurs prêchées par nos moralistes bien-pensants. Elle témoigne du gouffre qui sépare le primitivisme des idées généralement répandues, de la grandeur spirituelle que devrait supposer l'achèvement matériel dans lequel nous évoluons.
En effet, la plupart de nos camarades, par ailleurs excellents garçons, courageux et énergiques, ont de leurs relations féminines une conception remontant à l'époque où la femme était maintenue en sujétion, servante et objet de plaisirs, à l'intelligence ignorée, inconcevable même, définie une fois pour toutes dans un univers étriqué.
Comment, par exemple, ne pas être consterné par les vocables sous lesquels le terme "Jeune fille" se trouve camouflé ? Comment ne pas être frappé d'entendre appeler "fiancées" ces filles sincères, qui se croient aimées, respectées, vantées, alors qu'elles sont souvent traitées avec une légèreté et une ingratitude criminelles. Cette manière de voir ne se limite hélas pas à des excés verbaux ; elle correspond ou correspondra tôt ou tard à une réalité sur le plan de la vie quotidienne.
Que de fois n'entend-on pas dire de la future épouse, restée loin de celui qui l'a choisie : "Celle-là ou une autre, qu'importe".
Ainsi apparaît la courte vue qui préside chez beaucoup au choix d'une compagne.
De ces unions ullisoires sortiront les couples sans harmonie, les couples désunis.
A la base de ces tragiques erreurs ne se trouve peut-être qu'une très vieille peur, celle qui fait trembler les plus braves : la honte de s'avouer amoreux aux yeux des autres mâles. Comme si c'était se déconsidérer que d'avouer un penchant naturel pour un être unique au cours d'une expérience privilégiée. Il y a là une insincérité, une lâcheté bien plus profonde que toute autre défaillance, puisqu'elle affecte un domaine où aucune excuse n'est à trouver en dehors de soi, c'est à dire, qui fût valable aux yeux d'autrui.
Je ne prétendrai pas qu'au sein de la seule armée se rencontre une telle mentalité : à un certain niveau social, elle est générale, mais il est certain qu'un tel rassemblement d'hommes constitue le creuset idéal de ces errements.
Là où chez certains le phénomène ne se trouvait qu'à l'état latent, encore modifiable favorablement, une sorte de complot résultant de l'ancestrale méfiance à l'égard du sexe opposé a fait naître la méprisable conception qui fait l'objet de cet article.
C'est là aussi que pèche l'organisation militaire qui soucieuse d'une formation technique élémentaire, néglige l'éducation morale ou la limite au civisme.
Nous voyons ainsi une forme de libertinage particulièrement abjecte se développer au sein d'une institution pourtant garante de la moralité. Cet esprit, fut-il désavoué par certains officiers clairvoyants, n'en demeure pas moins grâce à la complicité d'une partie du cadre pour laquelle courage et virilité vont de pair avec une certaine tradition de "Corps de garde".
Sans doute faut-il regretter que l'instruction générale des militaires ne soit pas complétée d'une formation sexuelle sérieuse, comblant ainsi à un moment propice de la vie, une grave lacune de notre enseignement ; cette formation donnerait à bien des jeunes une connaissance autrement complète que celle apportée par des plaisanteries graveleuses.
Pour nombre d'entre nous, cette occasion est unique. Grâce à ces leçons, données dans un esprit très large, avec toute la documentation nécessaire, d'innombrables adolescents apprendraient à se mieux connaître et à mieux comprendre leur future, lui vouant un respect sincère sur le plan psychologique et lui témoignant toute la délicatesse qu'exige sa complexion physique.
Certes, une telle suggestion restera longtemps utopique, mais mon propos n'est pas réformiste. Qu'on ne voie là que la constatation d'un état de fait peu susceptible d'être modifié à brève échéance parce qu'il est un signe de notre époque.
Saluons cependant les précurseurs félinistes qui ont engagé une lutte dont les effets certes considérables, n'atteignent pas encore la masse, et souhaitons qu'une génération proche de la nôtre connaisse le fruit de leurs efforts vers l'achèvement de la personne humaine dans ce qu'elle a de plus noble.
LE 8 MARS 2009 C'EST LE JOUR DES FEMMES
BRAVO MESDAMES, VOUS MERITEZ LE RESPECT ET
NOUS SOMMES FIERS DE VOUS ET DE VOS PROGRES DANS LA SOCIETE